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La gestion des mégaphorbiaies collinéennes

Article extrait du Bulletin du Réseau Zones Humides n°21

L’origine des mégaphorbiaies en Limousin
Les mégaphorbiaies sont des végétations herbacées hautes qui évoluent sur des substrats riches en matière organique et gorgés d’eau. Elles font partie des milieux dont la richesse floristique est la plus importante en Limousin et hébergent une grande diversité d’insectes. Elles correspondent au stade intermédiaire entre les zones humides ouvertes et les boisements marécageux (Cf. Bulletin n°20). Dans la région, elles résultent majoritairement d’un abandon récent des prairies humides. Non valorisées pour l’alimentation du bétail, elles se voient colonisées par une végétation haute et dense typique de ces milieux.

Pourquoi préserver ces milieux ?
Les mégaphorbiaies sont localisées en Limousin. Le drainage lié à l’intensification des pratiques agricoles ou l’enfrichement suite à l’abandon pastoral constituent leurs deux principales menaces.
Généralement rivulaires, elles remplissent une fonction importante de filtration chimique et physique  des cours d’eau. Ces végétations à forte productivité ont en effet une importante capacité de stockage des nitrates pour leur croissance et des sédiments lors des crues. Par ailleurs, elles sont de bons indicateurs de la qualité des cours d’eau. En Limousin, on peut distinguer les formations eutrophes dominées par l’Ortie dioïque (Urtica dioica) et la Baldingère (Phalaris arundinacea) et les formations mésotrophes, parmi lesquelles se développent la Reine des prés (Filipendula ulmaria) et l’Angélique des bois (Angelica sylvestris). Le phénomène global d’eutrophisation des cours d’eau, par l’azote principalement, conduit à un enrichissement de ces zones humides et a une raréfaction des végétations mésotrophes. La mise en place d’une gestion conservatoire de ces habitats vise alors à pérenniser les formations actuelles, voire favoriser le retour vers des végétations mésotrophes.   

Quelle gestion adopter ?

1) Entretien de mégaphorbiaiestl_files/cen_limousin/contenus/Images/rzh/fauche2.jpg
Gestion des mégaphorbiaies en déprise agricole
Afin de rajeunir régulièrement le milieu, il pourra être mis en place une fauche tous les trois à quatre ans. Les travaux seront à réaliser au cours d’une année suffisamment sèche permettant de limiter le tassement du sol par le passage des engins. L’export des produits de fauche est facultatif.  La matière organique laissée sur place dans ce cas contribue à l'enrichissement du milieu. L’exportation pourra être menée après un fanage, andainage et mise en botte du foin ou directement avec une remorque autochargeuse à pneus basse pression. Il est intéressant de ne pas faucher la totalité de la surface une même année. En effet, différents stades d’évolution du milieu avec des années de coupe différentes permettent de favoriser la diversité des espèces du site et d’améliorer leur fonctionnalité. La fauche sera à prévoir à partir du 15 septembre jusqu’au 15 octobre, durant la période d’étiage des cours d’eau.
Gestion des mégaphorbiaies en contexte pastoral
La mise en place d’un pâturage peut être envisagée, notamment sur les terrains peu portants. Il doit cependant être finement géré. Une pression élevée sur un court terme est préférable. Elle permet de limiter la déstructuration du sol et du cortège végétal. Selon la nature du sol et de la végétation, il pourra être prévu une pression instantanée de pâturage de 20 UGB/ha pendant 1 semaine par exemple avec un temps de retour de deux ans minimum.

2) Restauration de mégaphorbiaies
Des opérations de bûcheronnage, voire un dessouchage dans une saulaie marécageuse, permettront une réouverture du milieu. Avec les années, les végétations pionnières et aquatiques laisseront place aux formations herbacées hautes des mégaphorbiaies, si le milieu ne subit pas d’autres perturbations (piétinement, fauche, drainage…).

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