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Mare de Thiat

Thiat (87)

Carte d'identité

La commune de Thiat, située dans le nord de la Haute-Vienne, à la limite du département de la Vienne, abrite un réseau de mares extrêmement dense. La plupart ont été creusées par l’Homme pour fournir des points d’abreuvement aux troupeaux de moutons, omniprésents dans ce secteur de la Basse-Marche où les sols argileux retiennent les eaux pluviales. Thiat n’ayant jamais fait l’objet d’un remembrement, le foncier reste aujourd’hui encore très morcelé. Cette fragmentation du parcellaire, combinée au maintien de l’élevage ovin, est garante de la préservation du superbe paysage bocager de la commune mais également de cette forte densité de mares puisque chaque parcelle pâturée doit disposer d’un point d’eau.
Les 28 mares étudiées par le Conservatoire se distribuent autour du bourg de Thiat. Seules 2 sont des biens communaux. Toutes les autres sont privées et se situent sur des parcelles exploitées par des agriculteurs dont les pratiques assurent l’entretien et le maintien de la qualité de ces mares.

Historique du site

L’histoire des mares est dépendante de celle de l’Homme car peu sont naturelles. Ces petits points d’eau ont, en effet, été créés et entretenus pour répondre à des besoins en eau liés à divers usages, domestiques ou agricoles.
Près des villages, les habitants y prélevaient de l’eau pour la cuisine ou même la boisson. Elles servaient également pour l’élevage des canards, comme réservoir d’eau en cas d’incendie ou encore pour rouir le chanvre. Certaines mares sont aussi d’anciens lavoirs. Avec la fin de ces pratiques, les mares de village sont devenues obsolètes, n’ont plus été entretenues et tendent à se combler naturellement lorsqu’elles n’ont pas été remblayées ou servi de dépotoir.
Dans les champs, les mares ont avant tout été creusées pour fournir des points d’abreuvement au bétail et beaucoup, aujourd’hui, ont conservé cette utilité. Toutefois, la régression de l’élevage ovin, largement dominant sur Thiat, et l’accroissement des zones de cultures au sein desquelles les mares deviennent inutiles, voire même gênantes lors du travail du sol, rendent leur avenir incertain.
La municipalité de Thiat a déjà confié la gestion d’une mare communale au Conservatoire. Des partenariats seraient à développer avec les exploitants agricoles et les propriétaires fonciers d’autres mares pour veiller à préserver ce patrimoine culturel et naturel commun.

Richesses du site

Le réseau des mares de Thiat se caractérise par une grande richesse des groupements floristiques, mais également faunistiques. Ces points d’eau reposent sur un substrat argilo-sableux peu acide, contrastant avec l’acidité des sols de la grande majorité de la région Limousin.
La forme des mares et les pentes douces de leurs berges permettent l’installation de différentes ceintures de végétation. Elles s’étagent en fonction de leur besoin en eau, forment une architecture végétale complexe et abritent une grande diversité d’espèces. Les berges et les zones peu profondes des mares sont colonisées par des plantes hélophytes, souvent dominées sur Thiat par les Massettes (Typha latifolia, T. angustifolia) ou le Rubanier (Sparganium erectum) et la Baldingère (Phalaris arundinacea). Lorsque ces grands hélophytes sont absents, des plantes plus basses comme les menthes (Mentha spp.) ou le Lycope d’europe (Lycopus europaeus) investissent le milieu. Certaines graminées colonisent les eaux de faible profondeur, comme la Glycerie flottante (Glyceria fluitans) et le Vulpin fauve (Alopecurus aequalis). Dans les eaux profondes se développent des plantes aquatiques enracinées comme la Renoncule aquatique (Ranuculus aquatilis), le Flûteau nageant (Luronium natans) et différentes espèces de potamots (Potamogeton natans, P. polygonifolius, P. pusillus). Certaines espèces aquatiques submergées se développent dans quelques mares comme la Nitelle (Nitella spp.).

Ces mares sont aussi des lieux privilégiés pour la reproduction de nombreuses espèces d’amphibiens. Au moins dix espèces se reproduisent dans les différentes mares du réseau de Thiat, chacune trouvant au sein de la grande diversité des points d’eau disponibles, celui répondant le mieux à ses exigences écologiques. La population de Rainette arboricole (Hyla arborea) est particulièrement importante sur ce secteur. La richesse en amphibiens est liée aussi à l’importance du bocage encore existant sur la commune de Thiat. En effet, les haies sont des lieux de repli et des couloirs de déplacement privilégiés pour de nombreuses espèces de batraciens pendant les périodes inter-nuptiales. Les mares sont aussi le lieu de vie de nombreuses familles d’insectes. Les plus connues sont les Libellules dont de nombreuses espèces affectionnent particulièrement les mares riches en végétation, présentes sur la commune de Thiat.

Actions de gestion


Les différentes mares composant le réseau ont été inspectées et des mesures de gestion ont été définies afin de rajeunir les milieux, prolonger leur existence ou accroître leurs capacités d’accueil pour la faune et la flore. Les actions à entreprendre, si elles doivent être mises en œuvre à différents degrés selon le site, sont souvent les mêmes. Elles consistent essentiellement à curer les mares envasées, à reprofiler les berges, à arracher les jeunes arbustes, à jouer sur l’ombrage en coupant ou élaguant les arbres de haut-jet, à gérer l’envahissement par la végétation, à améliorer l’étanchéité de certaines cuvettes ou encore à aménager les berges pour éviter un piétinement excessif par un troupeau. Un entretien régulier doit également être prévu à la suite de toute restauration.
Les possibilités et les modalités d’intervention sont à examiner avec les propriétaires et les exploitants.

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Milieux

  • Eaux courantes
  • Eaux stagnantes

Mesures d'inventaire et de protection

  • Sites Natura 2000

Photos

crapaud calamite
grenouille 2
libellule
lycope
mare2
mare thiat
Potamot
renoncule