Sites du CEN Limousin

Carte d'identité

D’une altitude moyenne de 830 m, le site des « Prairies humides du Pont Est » se trouve au cœur du plateau de Millevaches, sur les contreforts du Massif-Central en Corrèze. Le site occupe le fond de vallée granitique, traversée par la Vézère, entre le bourg de Saint-Merd-les-Oussines et le site de l’Etang des Oussines, Réserve Naturelle Régionale de la Haute Vallée de la Vézère. Cette zone, située en tête de bassin versant, est accessible soit au sud-ouest depuis le village, soit à l’est par l’Etang des Oussines. Concernant environ 65 ha, elle est caractérisée par des milieux agropastoraux secs et des parties plus humides, quelques surfaces de plantations résineuses et par un riche patrimoine bâti lié à l’usage de l’eau. Le CEN est propriétaire d’environ 6 ha sur ce site. 

Historique du site

Comme en témoigne la présence de nombreuses ruines et autres éléments bâtis, liés à l’usage de l’eau, le site était très fréquenté par les habitants de Saint-Merd-les-Oussines il y a encore quelques décennies. Proches du bourg, ces terrains, mosaïques de pelouses et de landes, étaient pâturés par des brebis et des vaches gardées pendant la belle saison. Certaines parcelles étaient irriguées par un vaste réseau de levades et de canaux pour être fauchées. Le canal, encore en eau aujourd’hui, alimentait un moulin qui permettait de moudre le grain et ce jusqu’à la fin des années 70. Puis, l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles et le développement de la mono-sylviculture ont rapidement fait disparaitre les landes et conduit à l’abandon des fonds humides qui se reboisent progressivement. Une partie des fonds tourbeux du site bénéficie toujours d’un pâturage bovin extensif ce qui explique le bon état écologique de certaines parcelles. En raison de l’intérêt écologique, paysager et culturel de ce site, le CEN Limousin a acheté en 2006 environ 6 ha de terrain soit abandonné, soit en déprise.

Les Richesses du site

Le site des « Prairies humides du Pont Est » comporte des milieux à forte valeur patrimoniale qui sont reconnus d’intérêt communautaire à l’échelle européenne :
- La prairie humide acidiphile est une végétation typique des parcelles humides pâturées de manière extensive sur le plateau. Milieux de transition marqués par la présence plus ou moins importante des sphaignes, elles évoluent naturellement vers des formations de tourbières hautes tout aussi caractéristiques. Sur le site, elle se rencontre dans le fond de la vallée, aux abords de la Vézère et des ruisseaux.
- La tourbière haute active, favorisée par un climat froid, des précipitations importantes, une topographie en cuvette à fond plat, un sous-sol granitique imperméable et acide, est, elle, dominée par les sphaignes. Ces mousses, capables de stocker 30 fois leur poids sec en eau, participent activement à la production de tourbe (accumulation de matière organique). Les groupements végétaux y sont très diversifiés et accueillent de nombreuses espèces inféodées à ces milieux. Présente sur seulement quelques centaines de m² sur le site, son maintien en bon état de conservation est assuré par du pâturage bovin. Au contraire lorsque les parcelles sont abandonnées ou drainées, la Molinie bleue devient dominante et forme des touradons entrainant la diminution de la biodiversité typique des tourbières.
- La pelouse acidiphile à Nard est une formation végétale rase, riche en espèces végétales et insectes. Cet habitat, entretenu par l’activité pastorale extensive, a largement diminué ces dernières décennies au profit des plantations résineuses ou des prairies artificielles. Elle se rencontre encore dans ce site sur les versants.
- La Vézère, dont les eaux sont courantes, fraiches, acides et pauvres, offre un milieu propice au développement d’herbiers aquatiques adaptés à ces conditions. La Littorelle à une fleur et la Truite fario, espèces remarquables de ce milieu, sont présentes sur le site.
- La ripisylve, formation arborescente se développant en linéaire le long des cours d’eau, présente une grande diversité floristique. Elle accueille des espèces peu communes sur le plateau de Millevaches comme le Vérâtre blanc. La ripisylve est bien représentée le long de la Vézère sur ce site.

Actions de gestion

La majorité du site est toujours entretenue par pâturage bovin et depuis 2015, par pâturage équin sur certaines parcelles propriétés du CEN Limousin. Suite au diagnostic environnemental réalisé pour le premier plan de gestion (2017-2021), le CEN a conduit des opérations de génie écologique sur les parcelles dont il est propriétaire et proposera aux autres propriétaires un programme d’actions. Ces actions visent la restauration des habitats en voie de raréfaction et la sauvegarde d’espèces protégées ou rares en Limousin. En 2015, du broyage et 2 parcs de pâturage ont été réalisés pour entretenir des prairies humides et des pelouses sèches, suivis en 2016 de l’installation-test d’une pompe à museau permettant l'abreuvement du bétail dans de bonnes conditions. Ce pâturage extensif maintient les milieux en bon état de conservation. 
D’autres actions sont à venir :
- Restauration/entretien du canal
- Bucheronnage et débroussaillage pour rouvrir les milieux
- Aménagement de clôtures, systèmes d’abreuvement et restauration des moyens de franchissement sur les cours d’eau, pour le retour d’un pâturage extensif...
Site à fort potentiel récréatif, éducatif et naturaliste, il pourrait bénéficier d’une valorisation pédagogique suite à sa restauration.

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