Sites du CEN Limousin

Retour à la carte des sites

Vallée de la Corrèze de Pradines

Gourdon Murat, Pradines, Grandsaigne

 

Carte d'identité

Située sur la partie corrézienne du plateau de Millevaches, en bordure Est du Massif des Monédières, la vallée de la Corrèze de Pradines repose sur sept communes : Bonnefond, Bugeat, Chaumeil, Gourdon-Murat, Grandsaigne, Lestards et Pradines. Ce territoire à large superficie (5000 ha) s’étend de la zone de source dudit ruisseau, au village de la Chattemissie (860 m d’altitude), jusqu’à sa confluence avec la Corrèze, au village du Vialaneix (540 m d’altitude), après 20 km de parcours sinueux d’orientation générale Nord-Sud.
Le paysage observé sur ce territoire est caractéristique du Plateau de Millevaches : un fond de vallée diversifié en habitats humides et dominé par les activités agropastorales (pâturage extensif), surplombé par une chaîne de puys plantés massivement en résineux et saupoudrés de rares bastions de boisements feuillus et de quelques landes.
Le territoire est accessible au Nord, de Bugeat via la RD32 (longeant ensuite le territoire par l’Ouest) ou de Treignac via la RD157 ou la RD16, et au Sud, de Chaumeil via la RD32 ou de Saint-Yrieix Le Déjalat via la RD16.

 

Historique du site

Au début des années 2000, le CEN Limousin fut sollicité par la mairie de Pradines pour préserver et mettre en valeur la tourbière de la Longerade, dont le patrimoine naturel était déjà reconnu, abandonnée depuis plusieurs dizaines d’années. Plusieurs baux civils ont alors été signés en 2005, portant la surface en maîtrise par le CEN à 15,5 ha. Cette même année, d’autres baux et conventions d’usage furent signés pour 20 ha de landes et tourbières sur le Puy de Bessal et la Roubière Soubrane.
Sur ces deux sites, des travaux de restauration ont été ainsi rapidement entrepris, avec une remise en place du pâturage extensif. Un plan de gestion sur 5 ans a été établi par site afin de pérenniser l’action.
Aujourd’hui, plus de 10 ans après les premiers échanges, et profitant du renouvellement des deux documents, il a été proposé d’élargir le périmètre d’action à l’ensemble de la vallée de la Corrèze de Pradines.

 

Richesses du site

La Corrèze de Pradines est une rivière typique du plateau de Millevaches. Son eau claire, froide et bien oxygénée, acide et peu nutritive (oligotrophe) est d’une qualité physico-chimique et biologique remarquable. La présence du triptyque faunistique Truite (Salmo trutta) – Loutre (Lutra lutra) – Cincle plongeur (Cinclus cinclus) en est la preuve évidente.
A ceci s’ajoutent les divers herbiers aquatiques vivaces à Callitriche à crochets (Callitriche hamulata) Myriophylle à feuilles alternes (Myriophyllum alterniflorum) et Littorelle à une fleur (Littorella uniflora), colonisant le lit des ruisseaux à granulométrie variée (sables et graviers) et à écoulement plus ou moins lent.
Cette rivière, de sa source jusqu’à sa confluence avec la Corrèze, traverse une diversité non négligeable d’habitats humides :
- En tête de bassin, sur les fonds plats des alvéoles granitiques, les tourbières se sont installées depuis des milliers d’années, favorisées par des conditions bien particulières : sous-sol granitique imperméable, précipitations importantes, températures basses. Selon les conditions d’alimentation en eau et la profondeur de tourbe (produite par des mousses : les Sphaignes), diverses associations végétales s’entrecroisent et/ou se succèdent : habitats pionniers à Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) et Rossolis (Drosera rotundifolia et intermedia), tourbière de transition à Laîche à ampoules (Carex rostrata) et tremblants à Potentille des marais (Potentilla palustris) et Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), bas-marais à Carex, tourbières hautes actives à Scirpe en touffe (Trichophorum cespitosum) et Linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), et écoulements à Narthécie (Narthecium ossifragum).
Lorsque le niveau d’eau diminue ou que les terrains sont abandonnés, le faciès de tourbière haute dégradée apparaît, avec une prolifération de la Molinie bleue (Molinia caerulea), formant une architecture particulière facilement repérable : les touradons.
- En plaine alluviale, la végétation est dominée par les prairies acides à Molinie et à Jonc acutiflore (Juncus acutiflorus), surmontées par les pelouses à Nard (Nardus stricta) et à Jonc rude (Juncus squarrosus), en contexte mésophile. Parfois, l’activité de pâturage trop fortement menée, cumulée à d’autres facteurs, conduit à l’apparition d’un faciès dégradé à Jonc diffus (Juncus effusus).
- Il reste à ajouter quelques magnocariçaies à Laîche paniculée (Carex paniculata) et divers boisements humides (saulaies et aulnaies marécageuses, boulaies humides), dont la ripisylve principalement dominée par l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa) sur le territoire.
Sur les versants des Puys, d’autres habitats remarquables participent à la diversité paysagère du territoire, en dehors des plantations résineuses majoritaires : pelouses à Nard et à Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), landes sèches atlantiques ou continentales, à caractère plus ou moins montagnard (présence de la Myrtille – Vaccinium myrtillus) et hêtraies acidophiles anciennes.
Cette diversité d’habitats est propice à l’installation d’un grand nombre d’espèces animales et végétales : Cordulie arctique, Vipère péliade, Agrion de mercure, Engoulevent d’Europe, Pie-grièche grise, Grenouille rousse, Circaète Jean-le-Blanc...

 

Les actions de gestion

La gestion n’a porté jusqu’à 2016 que sur les deux sites CEN existants : Tourbière de la Longerade et Landes et tourbière du Puy de Bessal et Roubière Soubrane, avec la mise en œuvre de sessions de bûcheronnage, d’écrasement et fauchage de la Fougère aigle, de création de gouilles et de remise en pâturage par la création de parcs fixes. Des aménagements supplémentaires ont été réalisés afin de réduire l’impact des troupeaux sur les milieux aquatiques : mise en défens des cours d’eau par pose d’une clôture électrique, descente aménagée pour un abreuvement direct stabilisé, passerelle bois ou demi-buse pour le franchissement,…
Dès 2017, l’action du CEN Limousin portera sur l’ensemble du bassin-versant de la Corrèze de Pradines, en ciblant particulièrement des secteurs à enjeux, notamment en termes d’animation foncière.
Le CEN Limousin peut déjà profiter de l’animation du Réseau Zones Humides pour sensibiliser les gestionnaires (exploitants agricoles, forestiers, particuliers, collectivités) sur la préservation des ressources naturelles comme l’eau et la biodiversité.

 

Télécharger la fiche de site