Sites du CEN Limousin

Carte d'identité

Les landes et tourbières de Giat se situent à Peyrelevade, au nord de la Corrèze, au cœur du Plateau de Millevaches, à une altitude comprise entre 750 et 863 mètres. La tourbière donne naissance au ruisseau de la Font de Chausses, affluent du ruisseau du Moulin du Rat, lui-même affluent du ruisseau de la Chandouille et qui se jette dans le lac du Chammet.
Le site est relativement éloigné des voies de communication. Il est surtout visible depuis le village de Giat, où la vue dégagée permet d’apprécier le site géré par le CREN Limousin (les Presses du Suquet). Pour y accéder, il faut emprunter la piste communale après le village de Saint-Fourchat.

Historique du site

Le CREN est intervenu pour la première fois sur ce site en 1999 en se portant acquéreur d’une parcelle d'une quinzaine d'hectares. Composée de landes sèches pour l’essentiel, cette parcelle était abandonnée depuis les années 60. Sans cette intervention, ce sommet, l’un des derniers du Plateau encore en lande, aurait été planté en résineux. Fin 2005, le CREN a augmenté sa surface d’intervention en signant des baux avec 2 propriétaires privés. Ces baux concernent notamment les plus belles tourbières actives du site. Aujourd’hui, 30 ha sont gérés.

Richesses du site

Le site de Giat est caractérisé par des paysages encore bien ouverts et constitue un vaste complexe de landes sèches et de tourbières en très bon état général. On peut en effet y observer en mosaïque des tourbières tremblantes, des tourbières actives à sphaignes, des tourbières hautes terminales et des prairies tourbeuses à Jonc acutiflore. Le site accueille aussi de grandes étendues de landes sèches en mosaïque avec de la pelouse acidiphile.
On y rencontre des espèces végétales typiques des tourbières et des tremblants comme les sphaignes, sous forme de buttons ou de tapis, les Droséras à feuilles rondes ou intermédiaires (Drosera rotundifolia, D. intermedia), le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), les deux linaigrettes (Eriophorum vaginatum, E. polystachion), la Canneberge (Vaccinium oxycoccos) et le Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba).
Les landes du site sont de différents types. La plus représentée est celle à Callune (Calluna vulgaris) et Genêt pileux (Genista pilosa) mais il existe une variante plus atlantique avec la présence de l’Ajonc nain (Ulex minor) et la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et une autre plus montagnarde avec la présence de la Myrtille (Vaccinium myrtillus) dont le recouvrement peut être très important et des espèces arbustives comme l’Alisier blanc (Sorbus aria) ou le Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia).
La faune n’y manque pas d’intérêt : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) chasse sur le site, l’engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus) y est nicheur tout comme le Pipit des arbres (Anthus trivialis). Le Bruant fou (Emberiza cia), le Pipit farlouse (Anthus pratensis), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola) sont également présents. La Vipère péliade (Vipera berus) est observée régulièrement dans les fonds tourbeux, de même que le lézard vivipare (Zootoca vivipara). On y rencontre aussi une espèce de libellule typique des tourbières : la Cordulie arctique (Somatochlora arctica).

Enfin, la présence de nombreuses loges de berger témoigne d’une activité pastorale importante dans le passé.

Action de gestion

Le défi majeur dans la gestion de ce site, qui n'était plus pâturé depuis les années 60, est la lutte contre la Fougère aigle. Cette restauration est rendue difficile par la présence d'une forte pente (jusqu'à 30%) et de nombreux chaos rocheux.
L'objectif est donc d'épuiser progressivement les rhizomes de fougères en alternant interventions mécaniques et pâturage par la brebis limousine.
Pour relever ce défi, le CREN Limousin fait appel à de précieux partenaires : une entreprise locale de travaux agricoles y réalise des fauches de fougère avec ou sans exportation selon les secteurs. La première fauche réalisée début 2002 sur plus de 7 ha, a donné lieu à l'enlèvement d'un volume impressionnant de litière de fougères, accumulée depuis plusieurs décennies.
En parallèle, un pâturage est pratiqué avec des brebis limousines : nous travaillons alors en partenariat avec l'UPRA ROM - section Brebis limousine, qui assure le suivi technique du pâturage (organisation du pâturage en lien avec les éleveurs, gestion de la clôture électrique mobile du Conservatoire, réception du troupeau) et bien sûr des éleveurs locaux de brebis limousines. Le pâturage a été grandement facilité par la pose d’une clôture fixe en ursus tout autour du site.
Depuis 2009, une nouvelle technique est mise en œuvre, il s’agit du passage d’un rouleau brise-fougère tiré par des chevaux. A la différence de la fauche, les fougères ne sont pas coupées nettes mais juste cassées, ce qui permettrait d’épuiser les rhizomes plus rapidement.

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